Le Dispositif Denormandie

Avec 6 000 milliards d’euros placés en épargne, les Français n’ont jamais autant mis de côté.

Pourtant, derrière cette somme colossale, des disparités importantes et des inquiétudes persistantes se dessinent. Une étude menée auprès de 2 000 Français met en lumière les paradoxes de cette tendance : entre volonté d’épargner, regrets stratégiques et inégalités économiques.

Une épargne en progression, mais des choix remis en question

Loin d’être un signe de sérénité financière, cette “surépargne”, évoquée par la Caisse des Dépôts et Consignation en novembre dernier, révèle une anxiété face à l’avenir. Près de 7 Français sur 10 (69 %) regrettent la gestion de leur épargne en 2024. Un chiffre qui traduit un malaise : malgré un effort conséquent, une majorité de citoyens estime ne pas avoir fait les bons choix financiers.

Épargne ou dépenses personnelles ?

Face à l’inflation et à l’évolution des modes de vie, de nombreux Français ont dû arbitrer entre épargne et dépenses personnelles. Près d’un sur cinq (18 %) avoue avoir privilégié ses besoins immédiats plutôt que de mettre de l’argent de côté. Un dilemme qui illustre la difficulté à concilier stabilité financière et qualité de vie au quotidien.

L’épargne au féminin : entre contraintes et priorités

Les femmes sont particulièrement touchées par ces difficultés financières. Entre la “taxe rose”, le coût de l’apparence et des écarts de revenus persistants, 68 % d’entre elles peinent à épargner, contre 55 % des hommes. De plus, elles sont plus nombreuses à prioriser l’avenir de leurs enfants : 24 % des femmes placent l’éducation comme un objectif d’épargne clé, contre seulement 13 % des hommes.

La génération Z : une approche différente de l’épargne

Les jeunes de 18 à 24 ans adoptent une stratégie d’épargne différente de leurs aînés. Moins préoccupés par leur future retraite (16 % seulement s’en soucient, contre 48 % des plus de 45 ans), ils préfèrent financer leurs projets personnels (55 %). Cette approche plus immédiate de l’épargne illustre un changement de mentalité, où l’accomplissement personnel passe avant la sécurité à long terme.

Une inquiétude générale face à l’avenir

Malgré cette tendance forte à l’épargne, le sentiment d’insécurité financière reste présent. 43 % des Français estiment que leur épargne est insuffisante pour leur offrir une réelle stabilité. Les femmes sont particulièrement concernées par cette incertitude : 20 % regrettent de ne pas avoir constitué un fonds d’urgence, contre seulement 9 % des hommes.

Conclusion

L’épargne des Français en 2024 est à la fois un réflexe de prudence et une source de frustration. Si les montants épargnés augmentent, ils ne suffisent pas à rassurer une majorité de citoyens, qui se sentent vulnérables face à l’avenir. Entre inégalités de genre, choix stratégiques discutables et arbitrages complexes, la gestion de l’épargne reste un défi majeur pour les Français.